Le fort Driant
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Cette étude comporte 5 parties
            1 L'origine et l'armement du fort
            2 Le fort en 1944
            3 La Batterie Moselle
            4 La bataille du fort (Sept. à Déc. 1944)
            5 Le fort à l'état actuel

Origine et armement

   Après la défaite de la France dans la guerre franco-prussienne de 1870-71 et l'absorption des provinces de l'Alsace et de Lorraine dans le nouvel Empire Allemand ainsi créé, l'armée allemande a décidé de construire une ligne de forteresses de Strasbourg au Luxembourg pour protéger leur territoire.
Le point central de cette ligne fut le grand Moselstellung (Moselle position) de Metz / Thionville et en particulier les deux ceintures de protection de la ville de Metz. 
 Le fort Driant a été construit de 1899 à 1905 et son nom était alors "Feste Kronprinz"

   Situé au sud de Metz, à proximité d'Ars sur Moselle, il faisait partie de la deuxième ceinture de défense de la ville de Metz. 
   Edifié sur un éperon rocheux au dessus d'Ancy sur Moselle, il domine la Moselle à 190 m de hauteur et tient sous son feu toute la vallée de la Mance (Accès à Ars par Gravelotte) ainsi que le sud de la vallée de la Moselle

              Le plan du fort .(origine US)
A droite en bas : la batterie Moselle

     Il est constitué de 6 casernes dispersées pour un effectif de 1800 hommes et plus de 1500 m de galeries souterraines reliant les différents ouvrages secondaires tels que des "points d'appuis" (appelés Abri de piquets) pour les combats d'infanterie et permettant aux groupes de combats de s'abriter pendant les bombardements.
    De nombreuses guérites blindées, des ceintures de tranchées bétonnées avec abris, des bunkers d'observation avec cloche pour lunettes binoculaires complètent le dispostif de défense. Le tout étant protégé par des hectares de réseau de fils de fer barbelés.

    Pour le confort des troupes, le casernement disposait de dortoirs, cuisines, magasins divers, mais aussi une boulangerie, une infirmerie, 2 usines électromécanique pour la production d'électricité sans oublier une réserve d'eau de plus de 4500 m3.

    L'armement était prévu pour l'action lointaine : 6 canons de 105 mm , 3 obusiers de 100 mm et 6 de 150 mm sous tourelles.

   4 Batteries Annexe en assuraient la défense dont la Batterie Moselle (2 canons) qui avait vue directe sur la Moselle et le village de Dornot.

    Le tout occupant une superficie totale de 223 hectares dont 142 pour le fort lui même.   

Redevenu français en 1918, il est baptisé "Driant" du nom du lieutenant-colonel tombé à Verdun, le 22 février 1916, au bois des Caures.
En 1940 il redevient allemand et servira en 1944 de garnison à la "Fahnenjunker Regiment" ( Cadets de l'école des Sous-Officiers)

En 1944

    Le fort est la clé de tout le système fortifié de la Moselle.
Avec lui, toute attaque venant du sud en longeant la Moselle devait être impossible.

    Mais il est fortement désarmé : seules 3 compagnies de "Fahnenjunker" le défendent pour un effectif (estimé) de 700 hommes.

   Le général Walker, commandant le XXeme Corps US, envisage une attaque aérienne et terrestre. Repoussée plusieurs fois, elle aura finalement lieu le 27 septembre 1944 et engagera la 5eme Division d'Infanterie ainsi que la 7eme Division Blindée.

     L'attaque coutera 64 tués, 547 blessés et 187 portés disparus.

     Le fort ne tombera qu'en décembre 44, les allemands se rendant faute de nourriture.

L'annexe "Batterie Moselle"


   C'est une batterie de 2 canons de 105 mm longs renforcés. Elle est située en contrebas du Fort Driant à une distance de 80 m environ de ce dernier
   Sa mission : en collaboration avec le "Feste Haeseler" (Groupe Verdun composé des forts St Blaise et Sommy), elle doit interdire l'accès à la vallée de la Moselle par le Sud ; mais aussi tenir sous son feu la ligne de chemin de fer Nancy-Metz, donc interdire toute circulation ferroviaire et en 3ème : tenir sous son feu les ponts sud .
   Au départ, elle est armée de 2 canons de 105 mm courts, mais ils sont échangés contre 2 canons longs issus du Fort Leizig (Fort de Guise), lui auusi fort de défense de la 2eme ceinture de Metz : Plus le canon est long, plus la poussée des gaz s'applique à l'obus et plus grande sera la distance de tir.
   Sa défense propre estassurée par un réseau de barbelé de 20 à 25 m de large, des emplacements protégés pour mitrailleuses.
   La batterie n'est pas reliée au Fort Driant par un souterrain.
   L'équipement électrique est alimenté par une centrale propre à la batterie. Cette centrale fonctionne grâce à deux moteurs à alcool de 12 chevaux chacun.
   Le chauffage est assuré par poêle.
   Il existe un central téléphonique indépendant mais relié au réseau souterrain du Fort Driant.

Le canon de 105 mm long :
   Longueur du canon : 3,5 m
   Portée : 10,8 km
   Cadence de tir : 9 coups par minute.
   Poids du projectile : entre 16 et 18 kg
   Protégé par une coupole d'acier de 150 mm renforcé par 40 mm de tôle. La coupole pèse 14,8 tonnes pour un diamètre de 3,20m et toute la tourelle et son mécanisme pèse 78 tonnes.
    La dotation est de 3000 coups par tourelle.

L'effectif :
   Constitué de 3 équipes qui se relayaient. Chacune d'elle comprenait :
   1officier
   6 sous officiers
   30 artilleurs
   
La remise en état :
   Laissée à l'abondon jusqu'en 1944, elle fut "redécouverte" le 8 septembre 1944 par le Hauptmann HINKMANN, commandant adjoint de la compagnie lourde du Fahnenjunkershule 6 de Metz (école des officiers).
   Ils trouvent un grand nombre d'obus stockés dans le Fort Driant mais les fusées françaises ne conviennent pas et c'est en "fouillant" d'autres forts de la place de Metz qu'ils trouvent les bonnes fusées.
   Le 9 septembre, un jeune lieutenant est désigné pour la prise en charge de la Batterie Moselle. Il prend cette nouvelle fonction avec beaucoup d'enthousiasme et le 10 septembre, peu après minuit, un premier tir test est effectué. Mais l'obus n'explose pas à l'impact. Le 2ème tir réussit et aussitot, les champs de tir sont dégagés, les monte-charges pour les munitions sont remis en fonction. Les pourvoyeurs s'entrainent et les canonniers sont instruits.

Les tirs :
  Le 10 septembre au matin, la Batterie Moselle effectue des tirs durant plus de 2 heures sur les troupes US. Le premier objectif est un rassemblement de véhicules (peut-être au dessus de Dornot). Le second objectif est la Tête de Pont de Dornot elle-même et de nombreux équipements de pontage américains sont détruits.
  La réponse US ne se fait pas attendre et aidés par un avion d'observation, ce sont les artilleries légères et moyennes qui ouvent le feu sur la Batterie.
  Le 11 septembre, l'artillerie lourde (canons de 210 et 240 mm) américaine se déchaine contre la Batterie mais cette dernière ouvre quand même le feu sur les Gi's qui ont traversé la Moselle à Arnaville faisant subir de lourdes pertes à ces derniers. Les obus employés etaient du type "anti-personnel Schrapnell".
    Pendant les combats, la tourelle gauche reçoit un coup direct qui tue 3 hommes mais 1 heure et demie plus tard, le canon est de nouveau opérationnel avec 3 nouveaux volontaires.
   Le 12 septembre, le tube gauche explose à cause d'une ceinture d'obus défectueuse. Un autre canon, trouvé dans le corridor du fort est immédiatement monté à la place de l'autre

La fin de la batterie Moselle :
  Vers la fin du mois d'octobre, une des tourelles reçoit un coup direct qui la fausse (un artilleur allemend avait "oublié" de la redescendre en place).
   La batterie devient alors génante dans le dispositif de défense mis en place par les allemands. Devant le risque de la voir tomber au mains des américains et surtout à cause du manque d'artilleurs confirmés, il est décidé de la faire sauter. Son équipage rejoint alors le Fort principal qui ne se rendra qu'en décembre 1944 (voir par ailleurs)  

A gauche :
Plan en coupe et vue dessus du type de tourelle qui équipait la Batterie Moselle

A droite :
Obus de 155 mm Shrapnel (celui de 105 mm utilisait le même principe)

Ci-dessus : vue aérienne du fort en 1944 par un avion de reconnaissance.

Ci dessous : une autre vue du fort. Cette photo est attribuée au général Patton lui même

Ci-dessus : La construction de la monumentale porte d'entrée du fort

Source : DFFV 2006