Tête de Pont de Dornot :    L'armement des troupes Allemandes
                          Part 2 : Mortiers et Roquettes,
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Les mortiers
Il existe de nombreux mortiers légers ou lourds au sein de l'armée allemande, mais le seul qui semble avoir être utilisé à la Tête de Pont de Dornot estle W 34 de 80mm car c'est le seul modèle trouvé sur place.
Le mortier SGW 34
   C'est un mortier lourd (Schwere GranatWerfer 34)
  Il apparait en 1932, fabriqué par Rheinmetall. D'un poids de 57 kg, il tire des obus de calibre 80 mm pesant 3,4 kg.
  Sa portée est de 2400 m pour une portée utile de 1000 m
  Un équipage entrainé est capable d'envoyer jusqu'à 20 obus à la minute.

   C'est le mortier standart de l'armée d'infanterie.
  Le tir s'effectue de façon courbe, l'arme étant inclinée de 40 à 90 degrés (selon la distance de la cible) C'est un tir indirect qui permet d'atteindre un objectif protégé par un obstacle.
  L'énergie produite par le départ est absorbée par le sol via la semelle de base.
  Le tube est lisse et sans rayure.
  L'introduction de la munition se fait par la bouche, l'obus glisse dans le tube et vient heurter le percuteur fixe au fond du tube.
    Ce mortier pouvait tirer des munitions explosives classiques, mais aussi des fusées éclairantes, des fumigènes ou des munitions chimiques.

L'obus calibre 80 et sa caisse métallique de transport (contenance 3 munitions)

   Pour le transport, l'arme se démonte en 3 parties : la plaque de sol, le tube et le bipied.
   Les opérations de mise en place et de pointage sont simples : la portée se règle en inclinant plus ou moins le tube avec une manivelle située sur le bipied.

   Un Peloton de mortiers comporte un officier, 53 hommes en 6 équipes chacune avec un mortier mais face à la réalité du terrain, on avait souvent un équipage "mortier" de 4 hommes : le chef d'équipage, le tireur et 2 convoyeurs de munitions quand ce n'était pas moins...

 A droite :
Un équipage "mortier" de 4 hommes en action

Ci dessous :
Charette de combat du mortier (les 3 parties sont repérées)

  Un équipage mortier 34 complet à l'entrainement :

On distingue

      1 : soldat équipé du télémètre (optiquepour calculer la distance à la cible et donc calculer l'inclinaison à donner au tube)
     2 : soldat avec lunette type tranchée pour visualiser l'impact
     3, 5, 6 : soldats transporteurs de munitions
     4 : le tireur
     7 : le gradé chef de l'équipage (avec la casquette) main tendue vers le haut : l'arme n'est pas chargée (vers le bas, il crie "Feu" et tout le monde se plie en deux, le coup va partir)
     8 : le chargeur qui glissera l'obus dans le tube
Extrait vidéo "Mortars of the Reich"

Les lance-roquettes : le Panzerfaust Modèle 30
   Initialement appelé Faustpatrone, le Panzerfaust (Poing levé ou Diable de char), est une arme anti-char à utilisation unique.
   Produit à partir de 1942 par Hugo Schneider A.G. de Leipzig, il avait comme but de doter les soldats d'un moyen individuel de combattre les blindés.
   Le modèle initial crée portera le nom de Panzerfaust 30 "klein " (petit) car l'arme fut vite améliorée en pouvoir de perforation mais gardera le même nom. Le modèle klein pris aussi le surnom de "Gretchen" (diminutif de Marguerite)
   Il existe d'autres versions plus puissantes (le PzF 60, le 100 et le 150 - pour 60 m, 100 m, 150 m) mais le seul modèle trouvé sur le site de la Tête de Pont de Dornot fut le modèle 30 qui avait donc une portée utile de 30 m

       l
   C'est une arme efficace par capacité de pénétration des blindages (140 mm modèle "klein" 200 mm pour le PzF 30), appréciée des soldats et redoutées des chars. Son faible encombrement permettait de la rajouter sans problème à l'armement individuel.
   Mais elle n'est pas sans défaut : emploi peu aisé, dangereux même, car les organes de visée étaient réduits au minimum; les gaz brulants atteignaient souvent le tireur; le tir devait s'effectuer bien près des ennemis et de leurs armeset jamais dans un endroit clos (abri ou maison) toujours à cause du souffle brulant qui pouvait aller jusqu'à 10 m deriière l'arme et était mortel à moins de 3 m.

Etiquette d'avertissement collée sur la tête du panzerfaust.


La tête de droite est celle d'un PzF 100, mais l'étiquette sur un 30 est identique

   Le mode d'emploi est souvent imprimé (ou collé sur une étiquette) sur l'ogive de la roquette. Et sur la partie arrière, une mise en garde également en grandes lettres rouges : "Vorsicht starker Feurstrahl " ( Prudence, fort jet de flammes).
Principe de la visée minimaliste du panzerfaust
Données techniques du PzF 30 "klein"
 
Masse totale : 3,2 kg
 
Calibre de la charge : 100 mm pour une contenance de 400 g d'explosif 
  Capacité de perçage de blindage : 140 mm
  Charge de propulsion : 54 g de poudre noire
  Longueur totale : 98,5 cm
Données techniques du PzF 30
  Masse totale : 5,1 kg
  Calibre de la charge : 140 mm pour 800g d'explosif
  Capacité de perçage de blindage : 200 mm
  Charge de propulsion : 95 g de poudre noire
  Longueur totale : 104cm  

  Les Panzerfaust 30 étaient livrés conditionnés dans des caisses de 4.
  S'ils étaient à usage unique, les tubes étaient souvent récupérés et renvoyés à l'usine pour réarmement.

  Utilisation en piège : Le PzF est fixé sur un support (clôture, maison, ...); un cable fixé à la mise à feu traverse la route et est fixé sur un autre support. Le char passe, emmène le cable qui déclenche la mise à feu et la roquette atteint le char.

   La roquette : Elle comprend 3 parties principales :
 La tête à charge creuse qui contient l'explosif destructeur
 Un court tube
 Des ailettes qui se déplient en vol pour une trajectoire stabilisée.

La charge propulsive qui amène la charge explosive au contact de la cible est située dans le tube (c'est elle la cause des fumées et des brûlureséventuelles)

PRINCIPE DE LA CHARGE CREUSE :
  
A l'impact de la roquette sur la cible, le projectile s'écrase sur le blindage et la charge explosive éclate.
   L'énergie d'explosion focalise vers un point. Si ce point est métallique, un jet de métal fondu à haute vitesse se forme. C'est l'effet Munroe du nom du chimiste américain qui a découvert ce principe.
  En quelque sorte, toute la puissance de l'explosion se concentre
en un point qui perce le blindage et projette à l'intérieur du char une gerbe de métal et de gaz (le dard) à très haute température et cet ensemble crée des dégats énorme où souvent les propres munitions du blindé explosent à leur tour rajoutant un résultat encore plus dévastateur.
  Le nom de charge creuse vient donc du fait que l'ensemble est un cylindre creux terminé par un cône.

   C'est une société française (Thomson-Brandt) qui a fabriqué la première les charges creuses en 1940 mais trop tard pour les troupes françaises !
   Les américains ont utilisé -en payant les droits à Thomson- le même principe pour leur bazooka.
   Les allemands ont copié l'arme pour fabriquer d'abord les Panzerschreck puis les Panzerfaust.

L'arme est prête :
   1 : Tête explosive
   2 : Petit tube guidé par le tube du         PzF
   3 : Ailettes repliées
   4 : charge propulsive (poudre noire)
   5 : Système détente (mise à feu du 4)

La roquette part :
   6 : Coiffe
   7 : creux
   8 : cône en cuivre
   9 : ailettes déployées

L'ogive heurte le char et explose :
   10 : emballage
   11 : explosif testructeur
Le dard se forme

 

Le dard perce le blindage et pénètre à l'intérieur du char

 

   Officiellement Raketten Panzerbüchse 43 (lanceur de roquette anti-char) ou RPzB 4, Panzerschreck veut dire "terreur de char".

   En 1943, en Afrique du Nord, les allemends récupèrent des exemplaires du célèbre Bazooka Us. Ils ne disposent que du panzerfaust 30 à usage unique et se décident en copiant le Bazooka de s'équiper aussi d'un lance roquette rechargeable.
   Il est produit la même année et dote les unités anti-chars de l'armée.
Les lance-roquettes : le Panzerschreck 43
   Comme le Bazooka, la mise à feu se fait électriquement : le soldat chargeur, après avoir introduit la roquette, ferme le circuit électrique en plaçant une fiche sur un contact à ressort. L'arme est chargée.
Le tireur actionne la détente magnéto-électrique produisant alors un courant qui enflammait le propulseur.

Ci dessus : détail de la gachette magnéto électrique

A droite : le chargeur introduit la roquette (on remarque la tenue du tireur qui regarde le chargeur)

Ci dessous : vue du chargeur qui branche le contact après introduction de la roquette

   L'arme tire des roquettes calibre 88 mm, d'un poids de 3,3 kg avec une portée pratique de 120 m.
   C'est une arme simple, d'un coût de production réduit et avec un potentiel destructeur important et qui nécessite 2 serveurs : le tireur et le chargeur.
. Mais elle a un défaut énorme : les flammes et les gaz brulants lors du départ de la roquette sont la cause de brûlures importantes pour le tireur qui doit être équipé en conséquence : poncho de protection et masque à gaz (sans le filtre)
  Certains tireurs équipent même leur RPzB. avec des protections de fortunes...

   Fin 1943, il est amélioré pour donner la version RPzB 54 : Il s'équipe d'un bouclier de protection pour le tireur, la portée est également augmentée (180 m au lieu de 120 m) pour un poids de 11 kg vide. La capacité de blindage percé passe à 200 mm.
 C'est pour cette raison aussi que les soldats Us mettaient sur leurs chars des protections supplémentaires mais assez peu efficaces : sacs de sable, bille de bois, etc...
  Le bouclier, s'il protége le tireur a aussi un inconvénient : les gaz de propulsion de la roquette s'appuyaient sur lui et créaient ainsi un recul non négligeable de l'engin.
  Le tir provoque beaucoup de fumées brulantes à la fois devant et derrière le tube. Les soldats avaient surnommé l'arme "Ofenrohr" (tuyau de poêle) car le propulseur de la roquette brulait encore à plus de 2 m après avoir quitté le tube. Cette fumée indiquait clairement (de jour et de nuit encore plus !)la position de l'équipe et cette dernière devait vite se déplacer pour changer de position afin d'éviter les tirs de représaille.  De plus, le tireur était plutôt encombré avec le tube et son bouclier et ce n'était pas facile de se camoufler avec l'ensemble. De nombreux tireurs préféraient actionner l'arme à des distances de 150 /200 m, distances telles que le tir manquait souvent de précision.
  C'est pour ces raisons que le Panzerschreck était moyennement apprécié; en tout cas moins que le panzerfaust. La demande est cependant telle que pas moins de 7 entreprises différentes étaient chargées de la production.
   Pas de tir à l'intérieur non plus, car en plus d'être brulants, les gaz étaient aussi toxiques.

   Il existait 2 types de munitions : une "hiver" et une "été" selon les conditions climatiques de l'endroit du combat (front de l'Est ou de l'Ouest).
   Comme pour le PzF, l'ogive est une charge creuse avec 660 g d'explosif et la roquette était stabilisée dans son vol non pas par de simples ailettes mais par un anneau de métal à ailettes (voir ci-dessous)
   Les munitions étaient conditionnées soit par 2 dans des caisses en bois, soit dans des containers métalliques avec 5 têtes.
 Le chargeur portait sur son dos une caisse spéciale pouvant contenir soit 3 soit 5 roquettes
A gauche au dessus : gros plan sur la roquette. On voit dans la main droite du chargeur la fiche à ressort qui fera le contact électrique
Au dessus : caisse de transport de 3 roquettes
A gauche : charette de combat spécifique pour le RPzB version 1 ( 6 tubes et les caisses de munition)
Une équipe de "Panzerströrergruppen" (groupe de destructeur de char) se composait de 2 escadrons de 3 RPzB chacun.
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